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Dans les différents commentaires et analyses pléthoriques que nous trouvons sur ce best seller planétaire qu’est la Bible, ce qui prédomine très largement, c’est qu’ils émanent presque exclusivement des autorités vaticanes, de professeurs issus de la sphère catholique ou d’auteurs et représentants ayant un lien affirmé avec cette religion. L’univers de ce guide spirituel est celui d’une chasse gardée où il faut montrer patte blanche. Toute critique est généralement étouffée ou ridiculisée dans l’œuf. Entre théologiens, docteurs, exégètes, être juge et partie, c’est ce constat qui prévaut d’emblée. C’est une position idéale de monopole pour tout contrôler et continuer inexorablement à imposer un dogme qui veut faire d’une secte juive le socle de nos racines occidentales, gommant ainsi les millénaires celtes et pré celtiques de notre passé. 

Avec humilité, mais avec discernement, à travers deux parties intitulées « La Bible et le marché des âmes » et « La Bible, mode d’emploi », autorisons-nous pourtant un instant, malgré cette chasse gardée, à jouer les braconniers de Dieu, et porter un autre regard rationaliste, qui n’aura que bien peu de symbolique, sur ce dogme qui pourrait bien faire sourire, avec ses miracles et ses mystères peu crédibles, si son histoire n’était jonchée, à l’instar des autres religions monothéistes, de millions de cadavres et de consciences sans lumière.

  1. Le marché des âmes

Dans les sociétés de consommation, depuis 1995 et la signature des accords sur l’Organisation Mondiale du Commerce, tout est marché. Santé, éducation, énergie, tout est désormais soumis à l’inéluctable loi de l’offre et de la demande, de la concurrence, des échanges qui font le bonheur de quelques actionnaires cachés dans leurs tours de verre et le malheur de milliards d’individus errant sur cette bonne vieille planète qui risque de ne plus supporter bien longtemps cet individualisme exacerbé, destructeur, fer de lance de la loi du marché.

Dans cette jungle moderne, souvent source des plus violents conflits, un marché bien spécifique, présent depuis la nuit des temps, tient le haut du pavé. C’est celui des âmes. Le définir est assez simple. C’est celui dont le périmètre correspond aux deux seules questions que se pose un jour tout individu normalement constitué, partout dans le monde, et qui constitue la grande chaîne de l’humanité : d’où venons-nous et où allons-nous ?

A ce jour, sauf miracle de dernière minute, personne n’a pu et ne peut répondre à ces deux questions. Toutes les hypothèses sont dès lors recevables et se révèlent bien souvent à travers la notion de foi. Il ne s’agit pas ici de remettre en cause une quelconque foi qui a tout de respectable en soi, mais de s’interroger sur l’accaparement et l’exploitation même de ces fois par les dogmes et les religions. 

Ces dernières ont toutes, à travers le marché des âmes, le même fond de commerce, mais avec des produits différents et des modes d’emploi matérialisés par des guides comme la Bible, le Coran ou la Torah dont la transparence n’est pas la principale qualité. Oui, les religions vendent toutes, et il n’y a pas d’exception à la règle, la même chose : l’immortalité. 

Qu’on l’appelle au-delàvie éternelleréincarnationrésurrection, éternité, les mots changent, mais en coulisse, c’est la même chose. En l’air, près de Dieu le père, dans une autre galaxie, dans un autre corps, une autre sphère, le propre des religions, c’est de promettre l’immortalité par la sainte consommation de leur produit, le meilleur sur le marché, bien évidemment. 

Dans ce secteur fortement concurrentiel où tous les coups sont permis, où le spirituel ne recule devant rien pour supplanter le temporel, nous avons quelques grosses multinationales comme la Catho SA, l’Islam Corporation qui revendiquent jusqu’au tiers du marché des âmes pour la première. Malgré sa quinzaine de millions de clients, la Torah business se situe pourtant dans le haut du panier. Nous avons aussi de nombreuses grosses PME qui font tout pour jouer dans la cour des grands comme la Scientologie, le Moonisme, le Raelisme étant peut-être l’exemple type de ces PME qui proposent de nouveaux produits ouverts sur la galaxie là, où, il est vrai, les religions les plus anciennes n’ont à vendre que des produits terrestres vieillissants. Signalons enfin une kyrielle de petites sectes portées par des gourous sans scrupule, qui rêvent de prendre quelques parts de marché, à l’image du Temple Solaire dont la faillite retentissante et la fin tragique en sont la meilleure illustration.

Ces multinationales doivent se rendre aux nouvelles règles du marché. Ainsi la Catho SA est amenée à rabattre la voilure en fermant de nombreux points de vente, ce qui n’est guère du goût de ses salariés, obligés par leur hiérarchie à se démultiplier pour assurer la commercialisation et le service après vente. A l’inverse, l’ouverture de plusieurs mosquées dans notre belle république laïque semblerait indiquer que l’islam corporation gagne en part de marché, là où la religion juive semble conserver ses positions, et que les autres ont encore du mal à passer le cap de la reconnaissance comme église, étant toujours considérées comme des sectes par les pouvoirs temporels.

Les multinationales des religions doivent donc se comporter comme n’importe quelle autre société anonyme, mais avec cependant un énorme avantage qui fait du marché des âmes un marché particulièrement lucratif : elles ne sont quasiment soumises à aucune fiscalité. Elles n’ont pas à présenter un bilan, pas de compte de résultat, bien que brassant pourtant des milliards et possédant des patrimoines immobiliers et financiers qui n’ont rien à envier aux plus beaux fleurons informatiques ou industriels. Ce marché est aussi occulte et aussi opaque que celui des drogues, et si son poids apparaît moindre face à la première activité économique mondiale, il est très loin d’être négligeable en terme de chiffre d’affaire, même si, encore une fois, rien ou presque, n’est publié sur le sujet.

Autre avantage énorme : le marché des âmes équivaut à celui des produits de consommation courante, comme peuvent l’être ceux de l’automobile, du textile ou de la télévision, mais avec une exploitation bien à elle. Ici, pas de matière première, aucun cycle de production, nous avons typiquement à faire à un cycle tertiaire d’une prestation de service. L’immatérialité du produit, son côté abstrait, impalpable permet donc des marges énormes, d’autant plus que les produits dérivés, la Bible en étant ici un l’élément phare, génèrent eux aussi des profits conséquents. 

Etrange marché où, concernant la religion catholique, depuis plus de deux mille ans, des millions d’hommes se sont appliqués à consommer, à soutenir les textes bibliques contre tout raisonnement scientifique, parfois en ne les ayant que parcourus, et des milliards, consommateurs forcés, qui ne les ont jamais étudiés par difficulté à lire, pour faire comme toute le monde, par paresse, indifférence ou par peur. 

Etrange marché figé où, qu’on les appelle prophètes, messie ou berger, les produits des religions sont bien plus près de sentir la naphtaline que la rosée du matin. Les bébés ont Babar, les enfants ont Barbie et Action Man, les adolescents fantasment sur Lara Croft, les religions ont également chacune un héros spécifique. Celui qui nous intéresse ici est né d’un intérêt sectaire, monté en puissance jusqu’à l’orée du 9ème siècle puis a régné en situation de monopole complet pendant près de mille ans. Depuis deux siècles, s’il a du plomb dans l’aile, il résiste cependant fort bien à la concurrence qui se développe. 

Des voix très minoritaires montent cependant du conseil d’administration de la Catho SA, arguant que, faute de dépoussiérer le produit, faute de le relooker, de le faire passer entre les mains des stratèges du marketing, de lui redonner une image plus fun, de trouver une communication plus « djeune », les ventes risquent de s’écrouler. Le client regarde ailleurs, teste d’autres religions. Le chiffre d’affaire s’en ressent et même si c’est loin d’être la crise, gouverner, c’est prévoir. Bien sûr, il y a l’Asie, avec sa moitié de l’humanité, un marché à conquérir, mais quand même, face à un progrès exponentiel, toutes les religions monothéistes riment sérieusement avec passéistes…

  1. Bible : mode d’emploi

La bible, dont l’origine vient du mot grec « ta biblia », mot pluriel signifiant les livres, se présente comme une méga compilation écrite sur plus d’un millénaire par une multitude d’auteurs, et retravaillée encore et encore pour servir la cause d’un nouveau produit créé vers l’an 50 par Shaoul de Tarse, alias St Paul, prince arabe ayant compris que l’avenir de cette nouvelle secte et de cette nouvelle religion n’était plus à l’échelle d’une région ou d’un pays, mais au moins à l’ensemble du bassin méditerranéen. 

Ecrit en tout petit, c’est un livre qui fait près de mille pages, avec un sommaire très sommaire, qui n’est guère explicite et qui n’encourage pas à la lecture. A y regarder de plus près, c’est un méga foutoir avec une multiplication de massacres, de noms, de dates, de lieux et on ne pourra reprocher au lecteur son incompréhension, car les cadres de la Cathos S.A. s’y perdent eux-mêmes bien souvent, mais cela révèle d’emblée la volonté d’une grande nébulosité pour se réfugier derrière le paravent censé tout expliquer : le mystère.

La bible est composée de deux parties : l’Ancien et le Nouveau Testament. C’est surtout à la seconde que nous nous intéresserons ici, sachant qu’elle s’inspire très largement de la première, qui elle-même s’avère un melting pot des textes des pyramides et des légendes sumériennes les précédant d’un ou deux millénaires. Le plagiat est manifeste, avéré, et, heureusement pour les trois religions monothéistes, aucun droit d’auteur n’est à verser aux antiques égyptiens ou aux ancêtres chaldéens. Hélas pour elles, elles ont par contre occulté ce qui faisait la richesse de ces écrits tus, écrasés et oubliés : leur symbolisme et leurs savoirs cachés dont la révélation n’était faite qu’après de longues années d’initiation.

L’Ancien Testament, pour sa part, à quelques différences près, est commun aux Juifs et aux Chrétiens. Il couvre la période de la naissance révélée du monde le 23 octobre en moins 4004, à 9 heures du matin, d’après James Usher, Archevêque d’Irlande au début du 17ème siècle et s’arrête brusquement en moins 136. 

Pour ceux qui aspirent à trouver une réponse quant à la question du d’où nous venons, le mode d’emploi de la Bible n’est pas d’une extrême rigueur. En moins de cinq pages, l’affaire est réglée, et encore, il faut une certaine dose de naïveté pour adhérer si l’on n’accepte pas d’emblée le sacro saint mystère dont se prévalent toutes les religions pour faire passer leur pilule. En vérité, je vous le dis mes sœurs et mes frères, aucune réponse concrète n’est apportée puisque les versets de 1 à 7 du chapitre 6 de la Génèse, début de l’Ancien Testament, précisent que juste après la création du monde en moins d’une semaine, les enfants de Dieu venus du ciel ou d’ailleurs descendent sur la terre, alors peuplée de géants, pour épouser les filles des hommes. Puis Dieu, sans que l’on sache pourquoi, sans doute un rien colérique, détruit l’humanité. Voilà, tout est dit.

Ce qui devrait être au cœur de l’ouvrage est en définitive passé sous silence. En douze lignes on nous annonce la venue de mystérieux personnages venus d’ailleurs et dix-neuf lignes plus loin, c’est l’anéantissement de l’humanité, le déluge universel, sans aucune explication. Les pères de l’église qui ont compilé les écrits auraient pu au moins nous dire qui étaient ces enfants de Dieu, ces fils du ciel, qu’ils appelaient les anges. Quant aux géants, ils sont depuis bien longtemps passés par pertes et profits… 

Pour le reste, l’Ancien Testament, c’est le début du labyrinthe. Il est composé d’une quarantaine de livres répartis en quatre grandes parties : le Pentateuque, les livres prophétiques, historiques et poétiques. Les principaux textes fondateurs seraient postérieurs à 587 avant JC, date à laquelle l’élite du peuple juif a été déportée à Babylone, après la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor. Soulignons ici, qu’à cette époque, depuis près de deux mille ans, Jérusalem et la terre de Canaan, étaient sous protectorat de l’Egypte. Le mythe du peuple juif et de Moïse est ancré dans les mentalités, mais pour celui qui se penche sérieusement sur la question, les racines égyptiennes de ce peuple sont incontestables, la circoncision déjà pratiquée par les égyptiens de manière ancestrale étant peut-être l’héritage le plus criant, les textes des pyramides étant des liens des plus formels, comme ce souffle dans la narine qui ressuscite Pharaon et qui donne la vie à l’homme tout au début de la Genèse. Les exilés se sont inventés et magnifiés un passé en occultant volontairement leurs racines égyptiennes. 

D’un côté, cette partie établit un pseudo passé nullement démontré, une histoire aléatoire et sanglante adaptée aux besoins d’un dogme monothéiste hébreu copié sur l’épisode monothéiste du pharaon hérétique Akhenaton. D’un autre, les auteurs de cette partie ont fixé le dogme et les lois juives en prophétisant surtout, à de nombreuses reprises, la venue d’un ou de plusieurs messies, selon la version, envoyés par un Dieu unique. Le texte littéral est le symbole de quelque chose dont la nature secrète reste scellée. La Bible, et l’Ancien Testament n’échappe pas à la règle, entretient la culture du mystère, mystère qui peut trouver un rayon de lumière via le symbolisme ou par la Kabbale qui se veut une clé pour la compréhension de la mystique juive.

Le nouveau Testament, quant à lui, n’est pas plus clair et noie rapidement le lecteur dans un autre mystère, avec un héros qui guérit à tour de bras, marche sur l’eau, change l’eau en vin, l’heureux homme, et bien évidemment, dans une sorte de happy end fumeuse, ressuscite d’entre les morts avant de rejoindre le royaume des cieux. Si l’Ancien Testament prophétise à outrance, Le Nouveau Testament est une réponse à ces prophéties en mettant en scène un pseudo messie. Il comprend 27 livres dont les célèbres évangiles, les Epitres, les Actes des soi-disant apôtres et l’Apocalypse. Ici, les textes fondateurs principaux du Nouveau Testament datent a priori, en gros, de la période 50-100. Trois siècles s’intercalent entre leur rédaction et les premiers manuscrits complets que nous possédons, le Nouveau Testament n’ayant pas été fixé avant la fin du sixième siècle, sachant que les documents originaux ne sont jamais antérieurs au 4ème siècle. Pour les spécialistes, les deux plus anciens Codex, propriété du Vatican, sont le Vaticanus (IVème siècle), et entré au Vatican vers 1480 et Sinaïticus (IVème siècle), découvert en 1844. Il est d’usage, voir le nom de la rose, de vanter les mérites de ces bons moines copistes qui passèrent leur vie à copier et recopier les manuscrits des auteurs grecs et latins, interpolant, censurant, effaçant, déchirant, détruisant tout un patrimoine de l’humanité. Personne ne pose la question des originaux. Personne ne s’interroge sur la motivation de l’église pour adapter l’histoire à son dogme et s’imposer au temporel.

Mais revenons à notre Bible, à son produit et à son mode d’emploi dont la rédaction s’est donc faite sur environ 1500 ans, la fable chrétienne, nous l’avons évoqué, ayant commencé à se former entre 70 et 140 et s’étant vraiment développé à partir de 150 auprès de la diaspora juive chassée d’Israël à partir de la destruction du second ou troisième temple de Jérusalem par Titus.

Personne ne le conteste : la Bible est une fable qu’on a historisée. Les auteurs n’ont pas vu les faits qu’ils racontent. Le Nouveau Testament nous présente une vision expurgée, censurée, interpolée, déformée de l’époque. Les quatre Evangiles dites « synoptiques », celles retenues pour le dogme, se ressemblent, mais se contredisent. Quant aux « apocryphes », plus d’une centaine d’écrits considérés comme douteux et donc rejetés par les Pères de l’église, ils sont eux aussi sujets à caution. Toute secte, après son triomphe, s’empresse de détruire, d’adapter ou récupérer tout ce qui la gêne.

L’existence humaine du héros n’est aucunement démontrée, même s’il peut apparaître qu’un personnage historique ait pu servir de modèle. On ignore l’année et le lieu de sa naissance. Idem pour sa mort. L’enfance est exécutée en quelques mots. Ainsi, chez Luc « Il grandissait en taille et en sagesse » (chap II – verset 52). Quelques lignes plus loin, il a 30 ans. Son nom même, choisi par les religieux, fait déjà douteux, un rien obsolète : Jésus Christ. Jésus, terme latin, signifiant Sauveur, dont l’origine remonte à Yahvé, Joshua. Christ, quant à lui, est un terme grec, se traduisant par sacré. En d’autres termes, prénom : Sauveur, nom : Sacré. Sauveur Sacré, Sacré Sauveur, peut-on vraiment croire à un tel nom? 

On se dit aussi qu’un tel héros n’a pu que laisser des traces, d’autant qu’à l’époque des origines chrétiennes fleurissaient historiens ou philosophes. Nul doute qu’ils n’ont pu passer à côté du plus grand événement de l’histoire. Or, Philon, mort en 54, a priori l’exact contemporain de Sauveur Sacré, auteur d’une cinquantaine d’ouvrages historiques, n’en dit pas un mot. Même silence chez Flavius Josèphe, l’illustre auteur de la “Guerre juive” et des “antiquités judaïques”, avec ce paragraphe, très commenté, rajouté trois siècles après par Eusèbe de Césarée, faisant allusion à un homme accomplissant des miracles. Ici les manuscrits dont nous disposons sont des IXème et XIIème siècle et seul le second possède cette célèbre interpolation. Le rival de Josèphe, Just de Tibériade, dans son “Histoire des Juifs” est tout autant muet sur le sujet. Idem pour Pline l’ancien et ses 150 volumes de notes. Bref silence radio sur notre héros. On aura beau chercher, rien de rien.

La création de Sauveur Sacré en tant que fils de Dieu date officiellement de 325. Là, au concile de Nicée, sa naissance se joue en deux temps. Tout d’abord, sur les 220 évêques présents, représentants toutes les tendances d’un christianisme qui commence à s’imposer, dans un premier temps, plus des ¾ refusent de reconnaître Jésus-Christ comme fils de Dieu. Il faudra des mois, des insultes et des coups échangés, les menaces de Constantin, dont la prise de pouvoir à Rome a été financée par cette secte qu’il a reconnue en 313 par l’édit de Milan, pour que le héros de la fable ait enfin une existence officielle.

Les personnages sont fantaisistes et la géographie est tout aussi fabuleuse, avec des lieux irréels et imaginaires. Ainsi, la ville de Nazareth n’existait pas au moment des faits et n’a été vraisemblablement créée qu’au 3ème siècle, pour n’être identifiée formellement qu’au IXèmesiècle. 

Quant à la virginité de la mère du héros, aucun évangile ne la précise véritablement. Il s’agit, là encore, de reprendre une prophétie de l’Ancien Testament, en l’occurrence celle d’Isaïe, mentionnant une vierge qui donne naissance à un fils. L’église catholique s’est emparée de cette prophétie et Origène, un des premiers dirigeant de la secte, en s’émasculant à l’âge de 18 ans pour devenir un meilleur chrétien, allait montrer la voie au rejet de la femme, rejet qui allait trouver ses aboutissements dans le célibat imposé aux prêtres en 1139 avant l’obsession du XVème siècle et ces 30 000 femmes brûlées comme sorcières.

Bref, rien de bien concluant. Quel que soit le cas de figure, contrairement à ce que s’imagine une très large majorité de Chrétien, si cet homme a existé, il est obligatoirement Juif et se réfère aux lois juives et à l’Ancien Testament. Il s’est marié fort jeune et a des enfants, comme l’exigent ces mêmes lois. Rien que sur ces deux points, le Nouveau Testament dérape déjà. En travaillant ne serait-ce qu’un peu ce texte, il ne reste rapidement qu’une fable chrétienne terriblement dogmatique et regorgeant de préjugés. 

En conclusion, il ne fait aucun doute à tout esprit rationnel que la Bible n’est qu’un gigantesque conte ne servant que les intérêts d’une secte d’Esséniens qui a réussi, comme l’a souligné Renan. C’est un dogme spirituel redoutable qui, bien que mensongé et usurpateur, a, à maintes reprises, imposé son pouvoir au temporel. 

Pour autant, en toute rationalité, on ne peut exclure que des faits historiques se cachent derrières ces interprétations religieuses plus que subjectives. A titre d’exemple, nous retiendrons ici le procès de Sauveur par Pilate et cette fameuse question « es-tu le roi des Juifs ? », question à laquelle, le personnage central répond par l’affirmative dans les quatre Evangiles. La réponse n’a d’ailleurs que peu d’intérêt. Ce qui importe ici, c’est la question et si Pilate la pose, lui procurateur de Judée et parfait représentant de l’administration romaine et d’une religion polythéiste, c’est qu’il considère que l’homme qu’il a devant lui est peut-être, non un roi spirituel, mais un roi temporel, au même titre qu’a pu l’être Louis XIV. Et là, cette vision change tout, car cet homme lutte pour reconquérir un trône qui lui appartient. L’hypothèse est séduisante, mais à démontrer.

De même, on ne peut exclure que les symbolismes égyptiens et mésopotamiens soient plus que présents dans cette fable, mais enfouis, cachés, tus, codés, encore faut-il pouvoir en saisir le sens, ce qui est généralement impossible au commun des mortels à qui l’on demande simplement, non pas de comprendre, mais simplement de consommer.

Pour ceux qui pensent que la vérité peut encore surgir du passé, Benoît XVI, le PDG de la Catho SA et ancien Directeur de la toute puissante Inquisition, déclare de manière catégorique : « La révélation s’est achevée avec la réalisation du mystère du Christ ». Le christianisme est un mystère et le mystère est un secret par définition. Le coup est imparable, mais, dès lors, comment des hommes pourraient-ils se prévaloir d’une quelconque vérité ? Le PDG insiste pourtant : c’est en respectant ce mystère, en se contentant de reconnaître et de respecter le dogme que l’immortalité est acquise pour celui qui suit sans réfléchir ce chemin. Hélas, aucun témoin n’est revenu pour confirmer cette pseudo vérité révélée.

Il n’empêche, la crainte de voir le produit voler en éclat reste bien présent et un homme loin de ce demi dieu élu par des représentants sectaires à Nicée, pourrait bien apparaître à la lumière. De même derrière l’antique symbolisme qui semble également habiter cet ouvrage, une autre vérité pourrait jaillir. Dans la Bible, en définitive, pour celui qui sait lire, c’est peut-être, non plus un conte, mais des pans entiers de notre Histoire, qui pourrait un jour être mis en lumière.