CHARTER
Ce cri ce cri ténu
D’une vie en passant
Ces yeux ces yeux hagards
Aux reflets sans espoir
Et je rêve en pantin isolé
Saveurs d’humanité
Et j’espère en conscience éclairée
Lendemains de clarté
Ce poing ce poing serré
D’une colère bâillonnée
Ce dos ce dos voûté
Aux rondeurs flagellées
Et je sens sur la main que tu tends
L’empreinte de tes chants
Et j’espère la couleur métissée
Comme la vraie destinée
Cette vie cette vie sursis
Trahie spoliée salie
Non-sens meute de loups
Jouant au loup-garou
Mais je sais que le chemin est là
Dans tout ce qu’on se doit
Mais je suis à rester à l’abri
Je suis coupable aussi
Ce vol ce vol de nuit
Bien loin d’Exupéry
Ce vol ce vol de vie
Me rappelant Vichy
Mais je sais que le chemin est là
Dans tout ce qu’on se doit
Mais je suis à rester bien assis
Je suis coupable aussi
SAURAS-TU UN JOUR ?
Sur une tranche de vie de tous mes demis
Accoudé au bar j’attends en sursis
Tu ne viendras plus encore un de plus
Encore le trop plein de tous mes abus
Tu ne viendras plus j’en veux à mon foie
D’être encore bien plus saoul que moi
Sur un bout de pain d’un bord de comptoir
Accroché au bar je suis plus que noir
Combien de fois ai-je pu te mentir
À te démolir de tous mes délires
Combien de fois me suis-je trahi
À ne pas partir à me morfondre ici
Sur un verre de trop d’un coin de tripot
Attablé atteint je n’attends plus rien
C’est mon goutte-à-goutte ma ligne de trop
Même revoir Ouessant ne me dit plus rien
C’est mon rail de nuit un dernier whisky
Sauras-tu un jour quelle fut ma folie
Dans le vomi d’une chiotte de boulevard
Presqu’à ras de terre la mort me sourit
Je ne suis plus moi même si tu n’es plus là
D’une main tremblante je fais graffiti
Je suis dans ma drogue sans plus de dialogue
Je ne suis plus rien au fond de ces gogues
Sur l’image fugace d’une dernière pensée
J’ai vu mon amour quand tu m’as quitté
Pour une autre vie un autre destin
Où rien ne se joue sur verres assassins
Mais sais-tu pourtant qu’une main tendue
Ramène souvent de la pire des issues
Mais sais-tu pourtant que cette maladie
Est pour moi aussi l’enfer de mes nuits
MON BATEAU
Mon petit bateau c’est pas un paquebot
Il est pas plus grand qu’une boîte de harengs
Mais il est à moi de la coque au mat
Me voilà matelot à l’abri des flots
C’est un vrai Doris de près trente ans
Il attend son temps protégé du vent
Défiant le noroît guettant le suroît
Taille la route matelot à nous les maquereaux
C’est pas le Titanic faut pas être de trop
Il flotte en direct c’est pas du pipeau
Commandant costaud c’est ma Calypso
Allez mon matelot mets nous le turbo
Mon petit bateau c’est mon Crabe-Tambour
Il faut pas des jours pour en faire le tour
Il va pas couler il faut l’espérer
T’en fais pas matelot à nous les turbos
Mais ce petit rafiot c’est comme un Pen-Duick
Défiant marées et vents d’Armorique
Mais ce petit rafiot c’est mon kenavo
Vas-y mon matelot vogue sur les flots
EN CACHETTE
Elle boit en cachette un peu par réflexe
Elle se tue la vie question de contexte
Elle dit que non ses gestes la trahissent
Ces verres qui s’emplissent
Cette haleine chargée
Cette démarche mal assurée
Cette bouteille cachée
Ces mots brouillés triturés
Elle boit en cachette elle a pris pour perpette
Elle se ronge les sangs c’est ce qu’elle répète
Elle nie l’évidence c’est pire que navrant
Ces regards brillants
Cette rancœur prononcée
Ce pessimisme démesuré
Cette voix inconnue
Ces tremblements qui sont bus
Elle boit en cachette on dirait une quête
Elle se rogne ses sens et sa silhouette
Mornes et tristes ces chemins de galère
Ces vies surnageant dans un verre
Cet air triste et insatisfait
Ces paumes violettes
Quitte à prendre un venin qui ne mène à rien
Elle aurait peut-être mieux fait de s’envoyer des joints
À MORT LES CIVILS
Dans des temps pas si reculés
On se tuait avec élégance
Les armées dans une drôle de danse
Se décimaient sans faire de quartier
Il s’est établi avec le temps
Que la chair des militaires
Valait d’évidence bien plus chère
Que celle de tous les Sans-dent
Ref:
Tous ces civils bien ordinaires
Tous ces gens qui refusent la guerre
Ces gosses qui errent dans la rue
Ces femmes qui pleurent à peine perdue
Ils ont déplacé les conflits
Indifférents face au profit
À l’éclatement des villes
À l’écrasement des civils
Pour mille civils qu’on abat
Un ou deux meurent chez les soldats
Les guerriers n’ont plus de courage
Et se délectent de leurs carnages
Tous les grands marchands de canons
Ont fait cette constatation
Que la vie d’un homme ne vaut rien
Face à l’emploi que l’on maintient
Ils égrènent leurs armes de mort
Aucun regret aucun remord
Ainsi vont et viennent les affaires
Et qu’importe les cimetières
PLUME ILLUSOIRE
Sur un coin de carte postale
Il écrivait ses pensées boréales
Ces voyages du bout du monde
Qu’il faisait avec son âme vagabonde
Il décrivait les aurores de Bornéo
L’escadron noir des nuits de Rio
La mer déchaînée dans une brume de Java
Et le vent chantant de Copacabana
Et là, sur cette petite surface
Ce verso d’une vue de Bréhat
Il se faisait devant sa tasse
Témoin de ce qu’il ne vivait pas
Sur un pâle A4 à petits carreaux
Il décrivait sans pudeur son cogito
Cette peur qu’il avait de ne pas être libre
Ces refuges qu’il trouvait dans les livres
Il disait tout ce qu’il aurait voulu faire
Et cet autre choix d’une vie bien pépère
Alors vibrait en lui l’envie de devenir acteur
Sa peur de ne rester que spectateur
Et là, sur la page qui tirait du blanc au noir
Sous cette plume qui glissait sous ses doigts
II était comme un gardien sans phare
Tourné vers l’illusoire et un triste miroir
Sur une affiche à coller à l’angle des rues
Il criait avec rage une colère sans retenue
Appelant au combat pour enrayer la haine
Que l’amour cesse enfin de jouer l’Arlésienne
Il dénonçait l’humanité bafouée
Le bruit des bottes du traçage généralisé
Caméras et contrôle systématisés
Annonçant la fin de toute vie privée
Sur le bureau où s’endormaient ses mots
Ces feuilles noircies de ses impuissants propos
En se disant que le jour était enfin venu
Il avait lâché la plume pour courir se battre dans la rue
LE PETIT RU
As-tu vu le ru qui coule dans la rue
Dans le caniveau il descend vers l’eau
En accompagnant les pas des passants
Toujours plein d’espoir le long du trottoir
Il va vers sa mer sa mère nourricière
Qu’il va retrouver d’un air chaloupé
Et le nez au vent guidé par son chant
Il s’en va pépère toujours droit devant
Où est-il ce ru celui qu’on voit plus
Où est-il ce ru mémoire de nos rues
Le petit ruisseau va au fil de l’eau
Il a le cœur gros la goutte de trop
L’air déboussolé caniveaux chargés
Il se fait vomis de nos drôles de vie
Son onde polluée c’est la vie bafouée
C’en est bien fini de son paradis
Sa pureté innée c’est bien du passé
Oublié le temps ce temps bon enfant
Où est-il ce ru celui qu’on voit plus
Où est-il ce ru déboire de nos rues
Mais un jour viendra parce c’est comme ça
Il faudra aussi prendre soin de lui
Cesser de polluer juste enfin comprendre
Que sa propre vie c’est notre survie
Mais un jour viendra parce que c’est comme ça
Il verra encore de belles aurores
Des matins radieux où le ciel est bleu
Où on peut s’y voir comme dans un miroir
Allez petit ru la vie nous sourit
Donne-moi la main pour nos lendemains
VALSEUSES
Pédale à fond pour le maillot
Pédale à donf pour les labos
Si tes valseuses te font rideaux
C’est que t’as forcé sur le suppo
Pour s’envoyer le Tourmalet
Comme on descend un escalier
Si t’as le mollet petit braquet
Faut prendre le tout dernier cachet
Suppo Epo dodo c’est la tactique c’est la tactique
Suppo Epo dodo d’un bon tic-tac d’un bon chrono
Baballe à fond pour les couleurs
La dose du téléspectateur
Si tes neurones te libellulent
Reprends donc une ration de globules
Pour t’envoyer la Jules Rimée
Comme si c’était la pause-café
Faut que t’abandonnes les ventouses
Pour te charger à la piquouze
Suppo Epo dodo c’est la tactique c’est la tactique
Suppo Epo dodo d’une bonne savate d’un bon “péno”
Cavale à fond pour le sponsor
L’audimat des états-majors
Si t’as peur pour le pipi pas beau
Y-a la pilule pipi pas pris
Pour t’envoyer le tour de cirque
Comme on remplit un pronostic
Faut que tu gouttes à l’intraveineuse
La bonne gagneuse bien laiteuse
Suppo Epo dodo c’est la tactique c’est la tactique
Suppo Epo dodo d’un bon record pour le populo
GOUVERNER
Gouverner par et pour le peuple est un objectif que développe toute démocratie
Un système cohérent qui a fait ses preuves au long des décennies
Tant de personnes pour tant de sacrifices
Tant de structures pour autant de services
La société à l’écoute de l’individu
L’homme qui délègue à ses élus
Avec des règles et des lois précises
Pour assurer la meilleure assise
Mais l’homme reste un homme avec ses qualités et ses faiblesses
Et le pouvoir apparaît pour beaucoup comme une belle maîtresse
Dont on use et dont on abuse
Dont on profite avec les ruses
Toutes les hérésies sont bonnes tous les mystères
Pour s’imposer et s’illustrer dans les hautes sphères
C’est ainsi que quelques castes
Pourtant sans à priori néfaste
Ont spolié la terre des hommes
En glorifiant leur décorum
Si fiers et si prétentieux de leur savoir
Ils se sont bien vite fait un devoir
D’imposer à tous les autres
En se jouant les bons apôtres
Notables pour la plupart
Avocats, patrons des tours d’ivoire
Ils se veulent les représentants
De leur propre monde sans tourment
Mais ils ne connaissent rien
De ceux dont ils tracent le chemin
À n’avoir jamais eu faim
Ils croient que le monde leur appartient
À ne penser qu’il n’y a qu’eux pour juger
Ils ont oublié le monde ouvrier
À se croire aujourd’hui tout permis
Ils sont devenus plus ou moins pourris
Ils ont oublié tous leurs beaux serments
Perdus dans leurs délires arrogants
Où sont la liberté l’égalité et la fraternité
Dont ils ne cessent de nous clamer la fondamentalité
Où sont la laïcité le respect et la tolérance
Qu’ils nous présentent comme les seules chances
Pour un avenir plus solidaire
Pour un meilleur sur notre terre
À force de ne plus y croire
Ils ont cassé tous nos espoirs
Que ne se rendent-ils compte qu’ils sont la pire honte
N’y en a-t-il un seul
Pour éviter ce linceul
Enfermés dans leurs carcans méprisants
Ils ne sont qu’ombres et néant
TOUS LEUR RIMMEL
Dis-moi dis-moi pourquoi
On murmure tout bas
Que la vie ici-bas
Ne vaut pas un iota
Dis-moi dis-moi pourquoi
Dans ce bizarre canevas
On dit que sous nos pas
Tout est cahin-caha
Refrain:
T’en fais pas tu vois c’est pas compliqué
C’est tout droit là-bas y a qu’à demander
T’en fais pas tu vois la vie est si belle
Qu’on s’en fout au fond de tous leurs Rimmel
Dis-moi dis-moi aussi
Si tout n’est que sursis
Pourquoi croquer la vie
Avec autant d’envie
Dis-moi dis-moi aussi
Si tout n’est qu’utopie
Pourquoi croire à la main
Que me tend ce gamin
Dis-moi dis-moi encore
Si tout est matamore
Pourquoi ce réconfort
Au creux de ces aurores
Dis-moi dis-moi encore
Dans ce drôle de décor
Pourquoi tant de remords
Tant de vie trompe-la-mort
Dis-moi dis-moi enfin
Si nous ne sommes rien
Pourquoi tous ces matins
Les câlins les copains
Dis-moi dis-moi enfin
Si nous ne sommes rien
Que vaut donc cet amour
Après lequel on court
À QUI LA FAUTE
Un demi-siècle
C’est le temps qu’il aura fallu pour que le ventre
Hélas fécond
Accouche de la même bête immonde
La haine montre les crocs sanguinaires et affamée
Elle réclame son dû
C’est le temps des soldats et collabos
Bras armés d’une société de saturation
D’un désir banni par l’anticipation des besoins
Deux générations
C’est le temps qu’il aura fallu pour que la mémoire
Hélas fragile
Reproduise les mêmes inavouables erreurs
La peur renaît de ses cendres
L’intolérance regagne le terrain perdu
C’est le temps du prêt à penser de la pensée unique
Du totalitarisme médiatique et financier
Où le matérialisme dénie le simple droit à être soi
Une vie
C’est le temps qu’il faut pour mesurer toute la folie
Hélas destructrice
Qui s’immisce en nous dès que la conscience fuit
L’amour oublie ce à quoi il se doit
À cette humanité qui s’oublie à une bestialité
Baignée d’obscurantisme sectaire et d’argent facile
À qui la faute à qui la cause s’il n’est plus de cœur ni de raison
JE NE SAURAIS DIRE
Je ne saurais dire
Ce qui est mal ce qui est bien
Quel est le chemin
Qu’elle est l’alchimie de la vie
Et quel doit en être le prix
Je ne saurais dire
Ce qui va mal ce qui va bien
Ce qui est tout ce qui n’est rien
Qu’elle est l’issue de nos folies
Et où se trouve notre sortie
Refrain :
Le doute balançoire à deux temps
Le pile ou face des boniments
Une pendule qui prend son temps
Une boussole sans rose des vents
Je ne pourrais dire
Pourquoi le mal pourquoi le bien
Quelle route prend le destin
Sur quelle mélodie quelle portée
Se joue le bal des âmes bien nées
Je ne pourrais dire
Où va le vent où est le ciel
Du bonheur temporel
Où est l’océan de la paix
Et les risées de ses bienfaits
Je ne saurais vivre
Sans le secret de ce jardin
Cet ailleurs et ce lointain
Cette illusion d’un partage
Quête de nouveaux rivages
Je ne saurais vivre
Ce remords du si j’avais su
Cette horreur du j’aurais pu
Quand l’ombre tombe sur les jours
Quand le compteur est sans retour
LIBERTE
Sur la trace du temps qui passe
Ta graine vole au vent au cœur de l’espace
Un souffle de vie un parfum fugace
Qui germe grandit et fait sa place
Que sur ondes fragiles ou flots endiablés
Sur chemins de traverse ou routes oubliées
Pour les emmurés et ceux qu’on assassine
Liberté la fleur naîtra par ta racine
Quand l’épée pourfend les droits et devoirs
Comment ne pas voir pour qui sonne la gloire
Comment te chanter quand le canon tonne
Comment te garder quand les murs isolent
Que sur la vision des barreaux impassibles
Des tortures infligées aux peuples dociles
Au-delà des barbelés et des frontières
Liberté ta ligne d’horizon montera sur la terre
Quand l’amour se meurt et que fanent les roses
A-t-on vu un verrou faire la part des choses
Les mauvaises fredaines des courses à l’Odyssée
Comment t’apprivoiser pour mieux te partager
Que dans les foyers des âmes bien nées
Des symboles épanouis où tout se construit
Sur reflets mouvants d’ombres que rien n’altère
Liberté la lumière supplantera les ténèbres
Par la corde tendue aux mains des suppliciés
Tout reste à dénouer tout reste à tisser
De la main qui désarme à la main qui se tend
Qui saura tourner la clé des tourments
Qu’à travers les mots les portées enchantées
Les lignes brisées et les portes dérobées
Sur nos lendemains après la ruine et la faim
Liberté tu réapparaîtras au soleil d’un matin
Sur la plage du temps qui s’efface
Le sable gravera même à marée basse
Qu’importe la haine qu’importe les sangs
Reviendront les vents d’autres printemps
Pour un univers qui pour toujours ravit
Pour une pénombre à jamais enfouie
Sur la Flamboyante qui à jamais réjouit
Liberté tout se construira d’un rayon dans la nuit
LARME
La larme du gamin
Coule sur sa main
Goutte sur une vie
Déjà en sursis
Qui n’a qu’une issue
La rue des pas perdus
La larme de l’arme
Coule sur la lame
Sang vif sur un drame
Qui se joue sans âme
Dans un décor de ruines
Ou dans un courant d’âme
La larme de la femme
Coule sur le drame
D’un terme non échu
De jours sans lumière
Quand tout est vendu
De l’amour à l’amer
La larme de l’âme
Coule sur la trame
Des sens en perdition
Sur jours de perversion
Allant du rouge au noir
Pour anéantir l’espoir
La larme de l’homme
Coule ad libitum
Quand chant du mépris
Devient agonie
Quand le mauvais sort
Signifie la mort
Refrain :
Petit ruisseau grande rivière
Petite larme grande misère
AUTRE BALLET
Le malheur dit un jour au bonheur
Pourquoi dis-moi faisons-nous si mal la paire
Assurément reprit le bonheur tout cela est clair
Sur tout l’univers tu répands l’enfer
Quand le rêve porte aux lendemains enchantés
Il est toujours question que j’y sois associé
En ce qui te concerne pas une seule fois
À aucune citation tu ne pourras avoir droit
Le malheur dit encore au bonheur
Pourquoi alors suis-je autant sur terre
Assurément lança le bonheur cela est moins clair
C’est méli-mélo sur les hémisphères
Tu pourris des fruits à qui je donne la vie
Tu sèmes le mal que de mon mieux je guéris
Il faut reconnaître que sur ce point-là
Je ne puis comprendre ce hue et à dia
Le malheur dit alors au bonheur
Qui de nous dis-moi règnera sur terre
Assurément dit le bonheur c’est encore moins clair
Du rêve à la réalité tout se perd sur terre
Mais qu’importe le temps le vent ou les guerres
Les horizons perdus aux mondes de frontières
Qu’il soit écrit à jamais que dans la moindre contrée
Il me faut t’effacer pour à jamais régner
Le bonheur dit une nuit au malheur
Futiles mes efforts dans ce monde de guerres
C’est ainsi répondit le malheur que tourne la terre
Balançant sans fin entre mal et bien
Entre jour et nuit passé ou lendemains
Je m’en reviens toujours dans toute destinée
Comme lumières ou ténèbres le chaud et le froid
Que tu veuilles ou pas… tu n’es rien sans moi
MONSIEUR LE BARON
Monsieur le baron a chopé des morpions
À traîner trop bas tout près de nos bas-fonds
Monsieur le baron a chopé des morpions
À courir trop vite après le cotillon
Madame la marquise s’est trop laissée troussée
On en parle encore dans tous les bons « clandés »
Madame la marquise aime se trouver au port
Enfilant des nœuds dès la première aurore
Monsieur le comte a viré sa cuti
On le dit aussi du côté de Neuilly
Monsieur le comte a viré sa cuti
Cherchant le galant et tous les culs bénis
Madame la duchesse est une belle bougresse
On le chante le soir au bar des gâchettes
Madame la duchesse est une belle bougresse
Se jetant sans cesse sur toutes les braguettes
Les parties de cul et les particules
C’est histoire de dire histoire de virgules
Les parties de cul et les particules
Peu importe le nom quand on aime le fion
CANDIDAT
Faire l’amour la teuf se faire cuire un œuf
Farniente paresse et courbe des fesses
Repos corps et bien par tous les moyens
Repos du guerrier à l’ombre d’un pré
Trouver le filon se foutre du pognon
Plus de contretemps tout en contre-chant
Plus aucun carcan plus de sur-le-champ
Aller nez au vent cap super fainéant
Ref
Faire après demain ce qu’on peut faire demain
Signer pour ce turbin c’est sûr je lève la main
Faire après demain ce qu’on peut faire demain
S’il faut un candidat c’est sûr je lève le doigt
Plus de minuterie plus de sonnerie
Pieds en éventail éviter pagaille
Calme et volupté à tous les paliers
Faire du lendemain une grève sans fin
Devenir rentier quel joli métier
Chasser le turbin d’un revers de main
Force d’inertie feinte d’apoplexie
Soirées père peinard journées y faut voir
MÉRITUDE
La méritude
Le calme plat des lendemains de tempêtes
Le soleil à nouveau brille dans les têtes
Ce désert marin que l’hiver établit
Cet été citadin qui toujours resurgit
La méritude
Ce pêcheur blessé qui vit sa destinée
Coincé entre les marées et le bar d’à côté
La douleur tue de n’être plus entendu
Les filets desséchés les pleurs des chaluts
Des vies emplies de méritudes
Ce mot dérivant des latitudes
Rêver que vienne cette amplitude
Avec un vent portant vers le grand Sud
La méritude
La mer assagie dort sans aucun remords
Laissant les voiles les soucis du vieux port
Le vent vole et s’enfuit vers autres sphères
Promenant les marins vers un autre mer
La méritude
C’est le reflet des côtes une aube d’avenir
La brise qui chahute le port de l’amour
Le blues de la terre quand il nous faut partir
L’espoir de la mer au ponton du retour
C’EST LA VIE
Tu passeras à la trappe
À laquelle personne n’échappe
Tu peux toujours croiser les doigts
Nul n’échappe à son trépas
Et si tu penses par la chance
Pouvoir contrer cette échéance
On ne peut vivre sans vieillir
On ne peut vieillir sans mourir
Si tout est connu rien n’est su
Croque la vie trompe la mort
Au gré des vies au gré des vents
C’est une banale histoire de temps
Si tout est su rien n’est connu
Il faut gommer le noir obscur
Supprimer toutes les mesures
De toute graine toute racine
Il n’est qu’une issue une cime
Le chemin que l’on se trace
Qui parfois nous dépasse
Celui du vent et de la vie
Celui du temps qui nous sourit
FAVELAS
Ils ne pleurent même plus
Le jour les a perdus
La nuit les a vendus
Ils errent à demis nus
Là-bas au coin de la rue
Se pointent les tire-à- vue
Qui visent leurs proies et tuent
Ces gamins inconnus
Le règne des rapaces au sein des favelas
La vie est fugace la mort si tenace
Rio Caravelas il n’est pas une place
La vie s’efface au son des maracas
Soldats de la terreur
Brigades de la mort
Escadrons du malheur
Guerriers du mauvais sort
Tant de rivières de sang
Tant de pauvres matins
Qu’il viendra bien ce temps
De lendemains de printemps
Funeste loterie
Tous ces relents nazis
Toutes ces barbaries
Tous ces meurtres gratuits
Sont à jamais maudits
Du chemin de la vie
Mais nous bien à l’abri
Nous sommes coupables aussi