
Avant nous le Déluge
Disons au revoir à la guerre 39/45, doublons Napoléon et la Révolution, abandonnons nos ancêtres les Gaulois sur le bord de la route, lâchons Socrate et Salomon, passons la cinquième, laissons Seth et Osiris se découper en morceaux, et nous arrivons, après une dernière accélération de quelques milliers d’années, aux prémices de notre humanité. L’homme est, paraît-il, dans sa caverne, cerné par une nature hostile, taillant son silex, jouant à touche pipi avec le feu. Rien ne le distingue vraiment des autres espèces animales. Il est tout autant prédateur que gibier.
C’est ce que nous disent nos livres d’histoire. Avant les pyramides, données vers –3 000, joyaux d’une brillante civilisation dont la construction, la conception et les significations demeurent un mystère malgré de nouveaux éléments pourtant édifiants, il n’y a rien, ou presque. C’est ce que l’histoire nous enseigne. Ainsi donc, après avoir passé des dizaines de milliers d’années dans sa grotte, ne sachant ni parler, ni lire, ni écrire, se comptant sur les doigts d’une main, l’homme sort de sa caverne, comme par enchantement, pour construire soudainement ce qui se fait de mieux en architecture et pour se multiplier plus vite qu’un lapin. Idiot et impuissant pendant 100 000 ans, génial et super Popaul en 1 000 ans. Sur un coup de braguette magique, le destin de l’homme change. Le Sapiens des grottes mythiques devient l’Hermès initiateur de la pierre taillée. C’est ce qu’on nous dit, quand on nous le dit, car ces quelques millénaires n’intéressent visiblement pas grand monde. Il est vrai que le Dieu judéo-chrétien qui régie aujourd’hui les sociétés occidentales est sensé avoir créé l’homme vers – 4 000. Pourquoi se fatiguer à chercher une vérité quand tout est révélé et ânonné à longueur de générations ? Nous sommes dans le ventre mou de l’histoire, entre historiens consensuels et religieux sans concession. Un voile pudique est jeté sur cette période, à fortiori sur ce cataclysme qui est loin de faire la une des journaux.
Pour le commun des mortels, le déluge est avant tout une affaire de proverbe, une fable lointaine de plus dans les méandres des textes anciens, une légende perdue, un truc qui fait peur. Le mythe de l’homme des cavernes a la peau dure. Notre humanité fixe ainsi ses limites : ce sont celles d’une mémoire défaillante qui s’arrête à celle d’une histoire tronquée par les dogmes et les intérêts en jeu. Ce sont celles de cultures égypto-hébro-gréco-latines s’appropriant un rôle d’initiateurs, sans rapport formel avec la réalité des faits, c’est à dire l’histoire.
Ouvrez les écoutilles, accrochez vos brassières, larguez les amarres ! Nous arrivons dans l’hypothèse, l’aléatoire et le fabuleux, car à ce jour, personne ne peut expliquer cet épisode apparemment antérieur aux pyramides et repris par toutes les traditions : le déluge. Personne ne peut éclairer cette période. Personne ne peut expliquer le fil de l’Histoire, à moins d’accepter béatement le mystère déployé par Paul de Tarse, Origène ou Eusèbe de Césarée, car nous sommes ici dans l’univers d’un mystère savamment entretenu par tous les marchands d’âmes.
Certains pourrons penser que nous allons dans la nuit des temps. Pas du tout ! Le déluge, c’est hier, il y a à peu près 15 000 ans, même pas une poussière sur les cinq milliards d’années de vie de la planète. Si nous ramenons notre histoire à l’échelle d’une heure, notre civilisation, c’est l’ultime centième de seconde. A partir du Big Bang, environ 0,00000000001%, à un ou deux zéros près, sur l’échelle d’un temps complètement relatif, puisque certains chercheurs, tout comme nous nous poserons la question, qu’y-a-t-il avant le déluge, pose la question : mais qu’y-a-t-il avant le Big Bang ? Entre les deux, cinq milliards d’années ! C’est l’éternelle question de l’infiniment grand face à l’infiniment petit. Entre les deux, deux points communs : cette notion du temps qui ne signifie plus grand chose sur l’échelle de nos vies, et le règne de la supposition, car au-delà des premières civilisations occidentales issues possiblement des hauts plateaux d’Iran, c’est le noir total, l’univers des hypothèses, des délires empiriques et des fables religieuses qui altèrent notre vision du passé. Les vérités révélées occultent la lumière.
Existe-t-il une source pure et sans tâche ? Comme le souligne déjà Sanchoniathon dans son « Histoire Phénicienne » qui daterait du XIème siècle av JC : « Nos oreilles, habituées dès nos premières années à entendre les récits mensongers, conserveront comme un dépôt précieux ces suppositions fabuleuses, en sorte de faire apparaître la vérité comme une extravagance et de donner à des récits adultérés la tournure de la vérité ». Plus près de nous, Balzac émet également des doutes : « Il y a deux histoires : l’histoire officielle, menteuse, qu’on enseigne ; puis l’histoire secrète où sont les véritables causes des événements ». La prudence s’impose, notre histoire n’étant qu’un reflet : celui de l’appropriation du savoir et du pouvoir par des intérêts spirituels et/ou temporels…
Le déluge
Dans la tradition biblique dont nous trouvons les croustillants détails dans les chapitres 6 à 8 de la Genèse, le petit Noé a déjà six cents ans quand, au second mois, le 17ème jour, peut-être après un bol de champignons hallucinogènes, des voies lui disent de construire un bateau pour protéger les espèces vivantes, car là-haut, le Grand Architecte a décidé de détruire l’espèce humaine, sauf lui et sa famille, parce que l’homme, qui s’est multiplié à la surface de la terre, n’a pas été gentil. Vilain garçon ! Admirons au passage la plus extrême précision des affabulateurs hébraïques, qui oublient cependant de nous préciser l’année de ce haut fait non historique.
Noé étant né sous le signe du poil dans la main et n’ayant pas les gênes d’un Tabarly, il lui faut cent vingt ans pour fabriquer une vulgaire boîte rectangulaire en bois de 135 m de long sur une trentaine de large, avec une seule porte, que l’on a peine à imaginer sur l’eau. Noé n’a pas opté pour le granit, heureusement pour l’humanité. Et pourtant, ça flotte. Pendant un an, dans un force 10 bien prononcé, dans un noir total, c’est pas le salon de la Pompadour ! Imaginer un éléphant avec le mal de mer, un bélier en rut ou un tigre avec une rage de dents, cela fait froid dans le dos… Cela se bat à l’abreuvoir, y-a du rififi pour trouver son coin de paille. D’autant que l’autre, là-haut, il met le paquet : pendant 40 jours et quarante nuits le sommet de toutes les montagnes est recouvert d’au moins six mètres d’eau. Pampers s’abstenir. Ce n’est plus une fuite d’eau, mais bel et bien un cataclysme planétaire. Dans ces seuls chapitres six à huit de la Genèse, la portée universelle et destructrice du déluge est mentionnée plus de 30 fois. L’eau à perte de vue, les tsunamis qui se déchaînent. Fort heureusement, après un an de mer, notre glorieux marin de terre, sa petite famille et toute la ménagerie retrouvent la terre ferme sur les neiges éternelles du mont Ararat, à 5165 mètres d’altitude, dans le Kurdistan. Pas une seule victime, coquille de bois en parfait état. Mutant entre Alexis Gruss, Tabarly et Frison Roche, Noé, c’est balaise !
Le déluge biblique n’étant qu’un vulgaire plagiat des mythes babyloniens pompés chez les Sumériens et les Egyptiens, eux-mêmes dépositaires d’un savoir hérité, selon Hérodote, d’une ancienne civilisation perdue, le nom de Noé, alias Ziusudra, alias Utnapishtim, alias Manu, alias Yima, alias Deucalion, se retrouvant un peu partout, si aucune preuve formelle n’est apportée par les traditions, pratiquement toutes retiennent à un moment ou à un autre l’idée d’un déluge. Toutes les traditions, partout dans le monde… Scandinaves, celtes, grecques, chaldéennes, hindous, iroquoise, maya, inca, océanie, toutes font longuement état d’un grand déluge. Elles se ressemblent pour l’essentiel, à part quelques exemples. La plus poétique des versions est australienne. C’est celle d’une grenouille géante qui a absorbé toutes les eaux. Souffrant de la soif, les animaux décident de faire rire la grenouille, qui éclate aux éclats en voyant se tordre une anguille, libérant ainsi les eaux du déluge. A chaque fois, c’est la même rengaine, toujours mise en scène et en musique par les religions : c’est celle de la culpabilisation et d’un châtiment mérité par les hommes, qui, par la stricte observation d’un dogme, permettent à l’humanité de devenir meilleure.
Ce constat laisse songeur. Une telle unanimité rend hautement improbable le fait que des hommes isolés sur des îles ou des continents si éloignés aient pu inventer une légende dont les détails sont analogues. D’autre part, nier que notre globe ait été perturbé, vraisemblablement de nombreuses fois, par des cataclysmes internes ou cosmiques, c’est admettre que l’univers est figé comme une montre parfaitement réglée ou la terre serait le centre de toute chose. Au regard des trous noirs découverts, des nouveaux systèmes solaires qui se révèlent aux hommes, des milliers de météorites, de quelques grammes à quelques tonnes, qui s’écrasent chaque année sur terre, des tremblements de terre ravageurs, des glaciations cycliques, cet espace figé que l’on nous propose aujourd’hui n’est celui que des tenants d’un pseudo savoir ou de pseudo vérités révélées martelées à des générations d’hommes et de femmes.
Parlons d’eux, justement. Dans un tel contexte, on doute qu’un gilet de sauvetage ou l’île de Robinson puisse servir de refuge. Le but étant d’anéantir l’espèce humaine, l’autre, là-haut, s’en donne à cœur joie pour faire sa lessive. Toute l’humanité est rayée de la carte. Toute l’humanité ? Non, il y a du village gaulois dans l’air. Certains survivants passent à travers les vagues. Combien ? C’est à la carte : 1 rescapé dans le déluge de Manu, 8 selon la Bible ou en Inde, 2 lors du déluge de Deucalion ou 4 pour celui d’Ogygès dans la mythologie grecque, 2901 en Perse, une petite centaine en Colombie, selon le mythe de Bochica, quelques rescapés dans le déluge de la Nouvelle Calédonie ou des Incas. Si nous faisons le total, quelques milliers de survivants. Répartis sur la surface du globe, ça fait pas bésef au kilomètre carré, une petite dizaine à l’échelle de la France. Quelques milliers de survivants, mais pour combien de victimes ? Des millions ? Des milliards ? On peut penser que c’est le jour du grand festin chez nos amis poissons. Et parmi ces quelques milliers épargnés, combien de femmes capables d’assurer la survie de l’humanité ? Quelques dizaines ? Quelques centaines ? Et où sont passés les animaux que nous retrouvons aujourd’hui sur notre belle planète ? On imagine l’importance capitale que prennent les naissances. Faut-il voir ici, très précisément, le culte de la mater, de la Mère Primordiale, qui a longtemps gouverné aux affaires du monde ? Il s’agit ni plus ni moins que de la survie de l’homme. Toutes les espèces étant logées à la même enseigne, le monde est à reconstruire à partir de rien, ou presque.
Le souvenir d’un gigantesque cataclysme existe dans la mémoire humaine. Le proverbe, « après moi, le déluge », n’est peut-être pas si anodin que cela. A-t-il pour autant vraiment eu lieu ? Le caractère universel de l’histoire du déluge est peut-être un des meilleurs arguments qui plaide en faveur de son authenticité. En attendant une réponse éclairée, il y a du monde au balcon pour essayer de comprendre : physique, mathématiques, paléoclimatologie, paléomagnétisme, pyramidologie, paléontologie géologie, astronomie, que du beau monde dans le chapeau, mais du beau monde qui, bizarrement, occulte, tout en la reconnaissant, cette page de notre histoire. Darwin, dans l’origine des espèces en a également conscience : « L’esprit ne peut s’empêcher de croire à quelque grande catastrophe. Mais pour détruire ainsi des animaux grands et petits, en Patagonie du Sud, au Brésil, sur la cordillère du Pérou, en Amérique du Nord jusqu’au détroit de Béring, il a fallu que toute la base du globe terrestre soit secouée ». Le déluge, ça existe sans exister, peut ben qu’oui, peut ben qu’non, faut voir à voir. L’histoire officielle, décrétée par Rome, commence vers – 4000. Qu’on se le tienne pour dit. En 1650, pour répondre aux incrédules mécréants qui continuent à se multiplier depuis l’apparition du livre, malgré l’abjuration de Galilée près de 20 ans plus tôt, James Usher, Archevêque d’Irlande, a même réussi à estimer que Dieu créa la terre et les animaux, le 23 octobre en moins 4004, à 9 heures du matin.
Après le déluge
Que s’est-il passé ? Impossible d’apporter une réponse concrète. Au-delà des traditions qui font toutes références à ce cataclysme, certaines pièces semblent devoir être versées au dossier. Chacun y trouvera ses degrés, sachant que les scientifiques, après avoir longtemps nié l’existence du déluge, considèrent aujourd’hui très sérieusement que l’ennoyage des plates-formes continentales à la suite des déglaciations vers -12 000 pourrait être en connexion avec ce cataclysme.
Après les traditions, le second élément qui accrédite la thèse du déluge est sans conteste la courbe de l’humanité tendant vers zéro avant moins 5000. Considérant que l’homme dans sa physiologie actuelle est de l’ordre de cent mille ans, faut-il penser qu’il est longtemps resté idiot et impuissant ? Toujours à l’âge du silex après 100 000 ans, en 7000 ans à peine, il découvre de nouveaux systèmes solaires. C’est la génération spontanée. Ce n’est plus une courbe exponentielle, c’est un angle à 90°. C’est le même constat en terme d’effectif. Quelques centaines d’hommes après 1000 siècles d’existence, plus de 6 milliards en 70 siècles. Le seul taux de mortalité peut-il tout expliquer ? Peut-on accepter que l’homme soit resté des dizaines de milliers d’années dans des cavernes sans se reproduire, sans avancée technologique, alors qu’en quelques siècles la surpopulation nous guette et que Voyager III, parti en 1999 pour un voyage de 40 000 ans, nous fait déjà découvrir des dimensions insoupçonnées jusqu’à ce jour ? Pas facile, à moins, bien sûr, qu’entre temps, un cataclysme ait ébranlé la planète, remettant les compteurs à zéro.
Comment expliquer également, sur des bandes de terre le long du nord du Canada, de l’Alaska et de la Sibérie, ces millions de bêtes, des chevaux aux ours, en passant par les bisons ou les lions, entassés, pêle-mêle dans des fosses, sous des amas de terre et de débris. De plus, comment concevoir que certains mammouths retrouvés avaient de la nourriture en bouche, ce qui accrédite quelque chose de brusque et de soudain ?
Comment analyser encore que les différentes ethnies humaines partent des hauts plateaux qui culminent à plus de 5000 mètres ? Aucun savant ne conteste aujourd’hui que notre humanité vient, non pas des plaines, comme on pourrait le penser, mais précisément des hauts plateaux du globe. Ce fait est admis, comme est admis que les noirs descendent des hauts plateaux d’Abyssinie, les jaunes de l’Himalaya et les rouges des Andes. Cette observation confirme également l’hypothèse du déluge. Les survivants seraient en fait ceux qui ont pu trouver refuge sur les hauteurs des monts. On pense naturellement aux montagnards, aux bergers. L’Ancien et le Nouveau Testament regorgent de bergers comme le petit Noé, le plus médiatisé par chez nous étant sans conteste Yavé, alias Jésus en latin. Ces bergers qui guident les troupeaux et ces pseudo prophètes qui mènent les âmes auraient-ils la même origine ? Il faudrait Holmes et Lupin pour résoudre pareille énigme, d’autant plus que la question des animaux reste posée. On pense ici à la pré science, mais cela semble un peu court….
Comment expliquer, enfin, ces fonds marins ayant vu le jour ? L’examen des animalcules formant le plancton, l’analyse des varves, les dépôts sédimentaires, démontrent aujourd’hui de manière formelle que ces sédiments ont vu le jour, l’air et le soleil il y a environ 15 000 ans, en même temps qu’un brusque changement de climat affectait tout le globe. Ce n’est plus le mythe de continents engloutis. C’est un fait. Des fonds marins au plein milieu de l’Atlantique étaient à l’air libre précisément à l’époque qui nous intéresse ! Le même constat est dressé dans d’autres mers du monde. Là, vers – 15 000, la planète a été ébranlée.
Un cataclysme semble avoir ravagé la terre, ramenant l’humanité au degré zéro de son évolution. Si la réalité du déluge apparaît incontournable, malgré le soin que les tenants d’un certain savoir mettent à l’occulter, les raisons de ce cataclysme restent à déterminer.
Sur un plan physique et géologique, un tel phénomène est tout à fait possible. Les tremblements de terre, les plaques et les volcans sont les marques vivantes de l’activité de la terre. Rien n’arrête l’eau. Les vagues voyagent avec une vitesse proportionnelle à la racine carrée de la profondeur de l’océan pour venir mourir sur les rivages. Un raz-de-marée est toujours possible. Sur le principe, c’est un peu comme un carambolage sur l’autoroute où des voitures lancées à pleine allure, les vagues, se heurtent à un véhicule au ralenti ou à l’arrêt, la terre. Le facteur de compression engendré peut atteindre des coefficients de 40. Ainsi, pour un tsunami d’une dimension de 50 m à sa base, ce qui se conçoit, on peut effectivement penser qu’à la percussion terrestre, il pourrait largement s’élever à plus de deux mille mètres. A partir d’un mouvement initial prononcé, une vague de plusieurs centaines de mètres de hauteur, voire des milliers, se déplaçant à près de 900km/heure, traversera le Pacifique en moins d’une journée. A ce stade, les tsunamis si dévastateurs du Pacifique font figure d’embruns et nos tempêtes d’Ouessant de gouttelettes.
En l’état actuel de nos connaissances, aucune hypothèse formelle ne vient éclairer notre déluge. La terre respire, bouge, évolue et le catalogue des causes est abondamment évoqué, tant dans les textes religieux que scientifiques. La liste suivante n’est pas exhaustive : impact d’un astéroïde, dislocation du continent unique, accélération des plaques tectoniques, inversion des pôles ou du sens de la rotation de la planète, rotation de l’axe de la terre de un degré tous les 72 ans, passage d’une ère glaciaire à une ère interglaciaire, éruption volcanique, passage d’une comète, intrusion de Vénus dans le système solaire, accident nucléaire, 12ème planète, visite extra-terrestre qui aurait mal tournée, les affirmations les plus sages croisent le fer avec les plus extrêmes. Une idée actuellement en vogue, soutenue il y a peu par Einstein, c’est que le poids grandissant des calottes glaciaires situées aux pôles de notre planète exercerait une pression constante sur la croûte terrestre, tant et si bien que celle-ci se déplacerait, comme glisse la peau d’une orange qu’on presse : c’est la dérive des continents, dérive qui connaîtrait des mouvements brusques générant des séismes tel que des continents entiers seraient rayés de la carte. Les plaques se déplaçant parallèlement et perpendiculairement à l’équateur, les risques de mouvements sont nombreux et induisent que le déluge dont nous parlons n’est sûrement pas le seul au cours de l’histoire de notre grain de sable. Impossible de démêler le vrai du faux dans ce méli-mélo, mais là encore, une constatation s’impose : un gigantesque cataclysme a détruit l’humanité pour la ramener à quelques survivants disséminés aux quatre coins de la planète. Sa datation et son degré restent soumis à de multiples controverses.
Ce que l’on peut considérer, c’est qu’il a eu lieu entre – 10 et – 20 000 ans avant l’ère vaticane, qu’il a plus ou moins recouvert, soudainement ou progressivement la planète, et qu’enfin, ce cataclysme a détruit l’espèce humaine à près de 100%.
Avant le déluge
Si le déluge a ramené l’humanité à sa plus simple expression alors que l’homme s’est multiplié à la surface du globe, c’est ce que nous disent les traditions, il existe une inéquation totale avec l’histoire officielle situant quelques poignées d’homme sortant des cavernes peu avant les initiateurs égyptiens. Une ou plusieurs pages de notre histoire sont occultées. En tout cas, au moins 5 000 ans. Au regard des intérêts de pouvoir en jeu, de l’imposition à coups de glaives du monothéisme, cela apparaît plausible. Cela ne porte cependant pas à conséquence. La grande question n’est plus de savoir ce qui s’est passé après le déluge, ça, nous le savons dans les grandes lignes : c’est le développement de notre humanité enveloppé dans les mystères fumeux des religions. Ce qui importe, c’est d’essayer de savoir ce qu’il y avait avant. Entre l’homme, vers – 100 000, et le déluge vers – 15000, que s’est-il passé ?
L’histoire officielle, celle que l’on enseigne, est simple. Il ne s’est rien passé. L’homme a vécu ces millénaires dans des cavernes. Puis, il y a 7000 ans, il est soudainement parti à la conquête de son espace, se reproduisant aussi vite que l’éclair et devenant le nec plus ultra des espèces animales, le king sur un grain de poussière dans l’infini des dimensions astrales.
Les images que nous avons de cette période sont celles des grottes rupestres dont la France est richement pourvue. Données entre –20 000 et –30000, elles témoignent d’un savoir-faire artistique incontestable puisque les pigments et les techniques employés laissent songeur un bon nombre de savants. Mystérieuses constatations que celle d’une époque où l’homme, cantonné à l’âge de pierre, ignorant tout de la brouette, de la machine à vapeur, des alliages, semble disposer d’un savoir et de connaissances qui surprennent les spécialistes du genre. L’approche, consensuelle et prudente de l’homme des cavernes, imposée au commun des mortels, raye purement et simplement le déluge de notre histoire. Un bon coup de gomme vaut bien ici la vague gigantesque. Pour éviter de répondre, le mieux est encore de ne pas poser de question.
Les recherches sur le sujet intéressent cependant de plus en plus de monde. Il existe d’autres pistes que celle proposée par nos historiens religieux. Jetons un œil sur la traduction d’un manuscrit maya du British Muséum auquel se réfère le célèbre archéologue Paul Schielman, le fou utopique auquel nous devons quand même la découverte de l’Antique Troie à la fin du 19ème.
« En l’an 6 Kan, le 11 muluk dans le mois de zak, commencèrent d’effroyables tremblements de terre qui durèrent sans interruption jusqu’au 13 chuen. Les pays des montagnes de limon ou pays de Mû, en furent les victimes. Après avoir été soulevé deux fois, Mû fut engloutie la nuit, après avoir été sapée en dessous, d’une façon ininterrompue, par les volcans souterrains. Le continent fut soulevé et reposé plusieurs fois. Enfin, le globe céda et dix nations se trouvèrent arrachées et démantelées. Elles s’effondrèrent avec leurs 64 millions d’habitants, 8000 ans avant l’époque où ce document fut rédigé ».
Cet autre extrait d’un manuscrit chaldéen datant environ de – 2000 est tout aussi intéressant :
« Lorsque l’étoile de Baal tomba à l’endroit où il n’y a plus présentement que l’eau et le ciel, les sept villes tremblèrent et chancelèrent avec leurs tours d’or et leurs temples transparents, comme feraient des feuilles d’arbre dans une tempête. Un torrent de feu et de fumée s’éleva des palais. Les sanglots des mourants et les gémissements de la foule emplirent l’air. Le pays et ses habitants furent déchiquetés et aussitôt engloutis dans les abysses ».
Indépendamment du cataclysme apocalyptique de ces documents, ce qui apparaît ici, ce sont les reflets de civilisations fortement urbanisées, loin des cavernes. Il n’est plus question de quelques individus, mais de villes avec des constructions en verre, de civilisations au moins aussi avancées que la notre. Naturellement, on pense ici aux anciennes traditions, fort nombreuses, des cités englouties.
D’autres écrits mentionnent encore la terre de Mû, mais également, face à elle, une autre terre, l’Atlantide, décrite officiellement pour la première fois par Platon dans son Critias. Un mythe pour certains, une réalité attestée pour d’autres. L’idée serait l’effondrement de plaques dans ce qui est aujourd’hui le Pacifique d’un côté et l’Atlantique de l’autre. L’analyse des plis et des sédiments renforcent cette hypothèse de continent englouti à la suite d’un cataclysme. L’Atlantide et Mû comme berceaux de nos civilisations, dernières traces d’une civilisation antédiluvienne développant une technologie supérieure à la notre ? Rien ne s’oppose aujourd’hui, bien au contraire, à cette hypothèse. Des milliers de chercheurs y croient fermement en prenant la route de l’orichalque menant à l’Atlantide.
A partir de là, les hypothèses les plus absolues enflamment les esprits. Si une autre civilisation existait avant le déluge, à quel niveau se situait-elle ? Comment a-t-elle été emportée ? A-t-elle laissé un héritage ? Peut-on penser que, cycliquement, un cataclysme emporte l’humanité ? C’est cette idée que défend Jules Verne. Celle d’une terre creuse abritant les vestiges de civilisations englouties. C’est cette même idée que défend l’Agartha avec ces centaines de kilomètres de galeries aux mille secrets. Ce sont peut-être ces trésors que l’on nous cache sous le sphinx et les pyramides de Gizeh. Beaucoup d’hypothèses pour si peu de réalité.
La plus fantastique est celle des Hyperboréens, vers – 40 000, venus on ne sait d’où, mais d’ailleurs, qui après avoir assuré leur survie en se reproduisant grâce à une espèce animale compatible, le Sapiens, construisent un nouvel espace avec une nouvelle espèce : l’homme, mutant entre les Hyperboréens et les Sapiens, dégénérescence d’une lignée d’êtres supérieurs. Les humains, aidés par le savoir hyperboréen, apprennent à parler, à dessiner dans les grottes, à pêcher, à chasser. Puis viennent l’écriture, la science des alliages. Quelques 25 000 ans plus tard, grâce à l’héritage des Hyperboréens, l’Atlantide et Mû, deux brillantes civilisations, bien plus développées que la notre. Puis c’est le déluge et nous repartons de rien, de pas grand chose.
Que s’est-il passé ? Bien malin, ou bien fou, celui qui peut le dire. Considérant la jeunesse de la science archéologique, nous trouverons sans doute quelque chose, comme la parole perdue éteinte qui rejaillit. Puis le silence retombera. Notre histoire sociale et religieuse est trafiquée depuis des millénaires. Hypnotiser les masses pour les détourner des vérités originelles, tel est le rôle des religions. Les dogmes se développent au détriment de la connaissance. Le déluge est devenu un mythe alors qu’il est d’une importance cruciale pour notre histoire. C’est aujourd’hui un évènement opaque, un rien surnaturel.
Imaginons pourtant rien qu’un instant que, tout comme la terre opère une rotation sur elle-même en 24H, en 365 jours autour du soleil, pourquoi n’y aurait-il pas, tous les x milliers d’année un mouvement elliptique de quelques degrés à partir des pôles ? C’est ce que nous suggère notre étoile, mais je ne peux ici en dire plus. Si l’histoire est un perpétuel recommencement, le cycle de notre planète comporte peut-être une dimension qui est ignorée, quand bien même l’aurions-nous sous les yeux. Pourquoi ne pas accepter l’idée d’un astéroïde d’une petite centaine de kilomètres de diamètre s’écrasant dans les flots ? L’astéroïde du Yucatan est là pour témoigner qu’il ne s’agit pas d’une simple vue de l’esprit. Il n’y a aucun moyen de prouver formellement que cela s’est passé, mais à l’inverse, personne ne peut tout aussi formellement prouver que cela ne s’est pas passé. Encore une fois, si un ou plusieurs déluges semblent avoir bien existé, ils sont noyés sous les sédiments de l’ignorance.
On imagine les lendemains de déluge pour les rescapés, le combat quotidien pour simplement survivre, combattre la faim, le froid, les épidémies. Plus d’allumette, plus de bois pour se chauffer, des cabanes, des cavernes, une mémoire qui s’efface, une humanité à reconstruire autour des femmes en âge d’enfanter. Quant au savoir passé, il n’est plus rien, juste une parole transmise de générations en générations. Si cette précédente humanité a pu léguer, malgré le déluge, une somme de connaissances, on comprend pourquoi un silence pesant règne autour de ce dossier. C’est un point qui anime très régulièrement les horizons de la science, de l’histoire et de la religion. C’est ce monde qui est la source originelle de l’alchimie. C’est cette dimension qui donne son sens au degré.
Le déluge est bien mystérieux. Peut-être ne s’agit-il tout au plus que d’un cycle d’inondations qui a marqué les esprits ? Peut-être est-ce une nouvelle fable sortie d’un imaginaire collectif ? Peut-être… En attendant, les pièces du dossier attestent que ce cataclysme à bel et bien existé. C’est une réalité, un fait, la date essentielle d’un nouveau départ pour une nouvelle humanité.
N’oublions pas que cette dernière descend des hauts plateaux. N’oublions pas encore que n’avons aucune trace des ethnies qui précèdent le déluge. N’oublions pas non plus ces grottes ancestrales qui se situent jusqu’à 200 mètres sous les eaux. N’oublions pas enfin ce passage en un temps record de la pierre brute à la pierre taillée. Un brouillard écossais à couper au rayon laser tient le déluge à bras le corps.
Pour essayer de situer cette civilisation antédiluvienne perdue, la règle de trois est peut-être le meilleur moyen. Considérant qu’en 7000 ans nous venons de sortir du système solaire, que le progrès est une courbe exponentielle, où a pu en arriver une civilisation trois fois supérieure en temps ? Cela donne le vertige. Pas facile d’y voir clair, d’autant qu’à force de glorifier des personnages fictifs sortis de l’imaginaire de castes misogynes et égoïstes, nous nous prélassons dans des repères et des données qui n’ont plus grand chose à voir avec une vérité que nous négligeons par paresse et facilité.
Je me souviens avoir fait, comme tant de gamins, pas mal de misères à de pauvres fourmis qui ne m’avaient rien fait. Là, au coin de la maison, je m’évertuais très régulièrement à inonder, à creuser, à remonter les galeries, à traquer la reine. Un peu d’essence et une allumette, un peu de produit interdit par papa, un vrai petit Bocuse de la fourmilière. Imperturbablement, immuablement, inéluctablement, après un laps de temps plus ou moins long, les ouvrières apprenties réapparaissaient…