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A propos de l'évènement
Je me suis toujours défini comme artisan de mots. Le terme artisan doit être
interprété ici au sens étymologique c’est-à-dire comme quelqu’un qui crée quelque
chose de ses mains, ce qui se conçoit naturellement pour un écrivain.
Pour les mots, de la poésie au roman, en passant par l’essai, les nouvelles ou
le théâtre, cet univers est si vaste, la langue française si riche, qu’il ouvre des horizons
sans fin grâce à l’assemblage des lettres.
Tout en sous-entendant un savoir-faire, le terme artisan évoque également une
structure simple, souple qui s’adapte. En choisissant il y a plus de vingt ans de créer
une entité éditoriale, Asar Editions, un avantage et un inconvénient se sont imposés.
L’avantage, énorme, incontournable, est celui de la liberté, sans le poids d’une
édition attachée aujourd’hui à une loi du marché qui induit systématiquement un
souci de profit ignorant ce qui est l’essence de l’artisanat : la création. Cette liberté
est le moteur de ce que je suis, de ce que je vis et qu’importe le prix à payer.
L’inconvénient d’un tel fonctionnement, ce sont toutes les portes qui se
ferment. Des médias ignorants voire méprisants, un soutien inexistant des structures
publiques, l’impossibilité de faire connaître un travail avec une diffusion aléatoire
autour d’un réseau de lecteurs, de rencontres, de conférences, de contacts avec
désormais la toile en ligne de fond. C’est le lot d’un artisan qui doit se débrouiller
seul.
Je me flatte aujourd’hui de continuer à exister sans prendre un sou de
subvention publique, sans aide privée, grâce aux quelques centaines de lecteurs qui
me suivent. Les deux ou trois cents livres que je vends à chaque sortie suffisent à
mon bonheur, même s’il est parfois frustrant d’être confronté en permanence à des
fins de non-recevoir. Je ne gagne pas un centime, mais mes livres ne me coûtent rien.
À chaque production, c’est le challenge.
Enfin, artisan de mots, à mon petit niveau, c’est suivre bien modestement le
chemin de Nicolas Poussin. Faire tout d’A à Z, du « concetto », le fait de penser
l’œuvre, la création, la production et la diffusion, jusqu’à l’envoi des livres.
Recherches, écritures, corrections, format, choix du papier, couverture, brochage,
bon à tirer, réception, distribution, envoi, un schéma identique pour chaque création,
mais pourtant chaque fois différent. À chaque étape, un processus qui s’enrichit des
expériences précédentes avec la persévérance comme leitmotiv et une devise qui tient
la barre : avec le travail tu peux y arriver, avec le travail tu peux ne pas y arriver, mais
sans travail tu n’arrives à rien.
Artisan de mots, au-delà d’une appellation, une raison d’être.